Ballroom
Je ne sais si l’un d’entre nous parviendra à reconquérir cette place si singulière de la représentation de la musique par la peinture. La photographie y a gagné ses lettres de noblesse, vampirisant le sujet et ne laissant qu’une part congrue, généralement illustrative, à la peinture ou au dessin.
Bien sur, cette toile est aussi une nature morte jubilatoire : reproduire la forme de l’Esquire de Judah BauerBallroom ou de la Teisco E75 de Jon Spencer fut plus proche des plaisirs intenses d’un gamin à dessiner une pochette d’album de ses idoles que d’une élaboration conceptuelle pointue…
Allégories et Passages
Gilles Marrey est né en 1963. Il s’est formé à l’école des Beaux-Arts de Rouen dans les années 1980, de 1982 à 1988 pour être exact. Cette école à l’écart lui a permis d’échapper à l’académisme de l’art postmoderne du temps, mais aussi à l’académisme qui régnait encore dans une Ecole des Beaux-Arts de Paris toujours terriblement sclérosée. A Rouen, il a certainement subi l’influence d’un peintre figuratif subtil, à la thématique décorative et exotique brillante, Gérard Diaz…
Médusa
Ce dessin fut entamé de la gauche vers la droite, en déroulant la large feuille au fur et à mesure, sans schéma préconçu, sans idée arrêtée, si ce n’est de ce laisser porter par le courant du temps, des pensées et des émotions.
Essayer de ne pas anticiper, laisser trainer ses souvenirs, accueillir les idées lorsqu’elles surgissent, se laisser gagner par le doute, s’enthousiasmer à nouveau et s’enfoncer dans la lenteur du travail, voilà ce que fut « Médusa »…
Crépuscule électrique
Lorsque Gilles Marrey passe, sur les conseils de son parrain le sculpteur Maxime Adam-Tessier (1920-2000), le concours de l’école des Beaux-Arts de Rouen en 1981, la tendance générale de l’enseignement est celle de l’abstraction froide, Jacques Poli (1938-2002) ; de la sculpture minimale, Jean-Marie Bertholin (né en 1938), et de l’art conceptuel, sous la tutelle bienveillante de la revue Art Press éditée en noir et blanc. Virginia Whiles-Serreau, professeur d’histoire de l’art, ne jure que par la « nouvelle sculpture anglaise », décide de reprendre l’histoire de l’art à rebours, organise des voyages et des séjours scolaires au London College of Communication et Royal College of Art de Londres, à Prague, Berlin, Florence, et à Venise où Gilles s’éprend déjà de grand format vénitien…